3) La lutte contre une marée noire
La lutte contre une marée en France est régie par un plan : le plan Polmar. Il existe donc un cadre organisationnel qui met en place la conduite à suivre afin de mener à bien la lutte. Les premières heures et les premières actions sont déterminantes. Maintenir un maximum de pétrole dans les cuves d’un navire accidenté, favoriser le brûlage d’une nappe qui a pris feu, disperser une nappe fraîche au large, placer des barrages efficacement et à temps, mettre en oeuvre au bon moment des équipes bien formées et bien équipées, constituent autant d’actions qui concourent un même objectif : limiter l’impact sur la nature et sur les activités humaines.
Le coordinateur général de l’intervention doit pouvoir ajuster en permanence la lutte à une situation qui peut évoluer très vite. Pour cela, il a besoin d’informations détaillées sur la situation de son évolution. Il faut continuellement localiser la pollution, prévoir son évolution et son importance, déterminer sur quels sites agir prioritairement, organiser les actions de luttes ; et faire bien sur en condition du climat.
L’éventail des choix opérationnels qui s’offrent au coordinateur est limité par de nombreux facteurs, en particulier le délai possible d’intervention, l’état de la mer, les caractéristiques écologiques de la zone et la nature du pétrole.Le choix des actions.
Les décisions sur les actions ci-dessous appartiennent à la cellule de coordination de lutte, assistée d’un ou plusieurs groupes de conseil scientifique, technique et financier.
Pétrole récupéré des cuves du Prestige
Action à la source :
stopper ou réduire le déversement
confirmer et récupérer, ou disperser le polluant
brûler le polluant se cela n’introduit pas de nouveaux risques pour les hommes et l’environnement
alléger le navire ou la barge (transférer son contenu vers un autre navire ou une autre barge).
Intervention sur les nappes au large :
confiner par barrages et récupérer à l’aide de pompes ou de récupérateurs
chaluter par barrage récupérateur ou à l’aide de navires équipés de bras récupérateurs
répandre des absorbants sur la nappe et récupérer à l’aide de chaluts de surface
disperser dans la masse d’eau par épandage massif de produits dispersants
Hélicoptère surveillant la présence de "marée noire"
Intervention sur les nappes près du littoral :
protéger par des barrages les zones sensibles au littoral
dévier les nappes dérivantes vers des zones peu sensibles
confiner et récupérer le polluant (même techniques qu’au large)
disperser prudemment, par épandage limité de produits dispersants, sous contrôle écologique.
Barrage au large d'une côte
Il existe donc différentes techniques de lutte en mer qui n’ont pas toute la même utilité et qui ont besoin de conditions différentes.Le brûlage sur site est une solution complémentaire à l’allégement pour réduire les quantités de pétrole susceptibles de polluer les eaux. Il peut intervenir naturellement, quand l’accident résulte d’une explosion ou quand une étincelle a produit un incendie au moment du déversement. L’intervention consistera alors à maîtriser l’incendie sans l’éteindre. Mais des mises à feu volontaires ont été occasionnellement pratiquées, sur le navire lui-même.
Le brûlage volontaire reste une option exceptionnelle. Il n’est techniquement applicable que sur des pétroles frais, avant évaporation des parties volatiles, et dans les conditions très précises. La chaleur, les gaz de combustion, les suies, constituent en eux-mêmes d’autres formes de pollution qui présentent un risque et donc freine la décision de mise à feu.Couler une nappe n’est pas plus facile. Il est en effet très difficile dans une mer de couvrir les nappes de pétrole de grande surface d’une couche de sable ou de limaille uniforme, pour les faire couler bien horizontales. Lorsqu’on y réussit la pollution n’est pas supprimée pour autant. Elle est simplement transférée au fond, le temps est nécessaire aux grains de sable ou à la limaille pour traverser la nappe, qui finira par remonter quelques jours, quelques semaines ou quelques mois plus tard. On aura échangé un problème immédiat pour un problème à terme, aggravé d’une pollution du fond.